Point de vue réalisé par Lucas Massé, étudiant en Bachelor Agroécologie à l’École supérieure agricole d’Angers, à l’occasion de son stage chez SynDev.
Dans notre quête d’une agriculture durable et respectueuse de l’environnement, les produits biosolutions se positionnent comme une ressource prometteuse et complémentaire des méthodes conventionnelles de protection des cultures. Dans un contexte mondial où les défis agricoles et environnementaux se multiplient, ces alternatives novatrices se démarquent par leurs modes d’action plus spécifiques et innovants.
Leur essor rapide suscite un intérêt croissant parmi les chercheurs, les agriculteurs et les acteurs de l’industrie agricole. Pour saisir pleinement leur potentiel, il est primordial de plonger au cœur de leur développement actuel, de comprendre leurs intérêts agronomiques et de surmonter les freins à leur déploiement pour permettre une adoption à grande échelle. Dans cette perspective, nous partageons notre expérience et la perception des professionnels.
Produits biosolutions : cela ne parle pas à tout le monde !
Au cours de nos échanges avec des conseillers agricoles, nous avons constaté que la plupart des agriculteurs n’étaient pas pleinement informés de l’offre actuelle des produits biosolutions, malgré le fait que ce catalogue, déjà très diversifié, est en constante évolution. Cette méconnaissance souligne la nécessité de renforcer la sensibilisation autour de ces alternatives prometteuses au sein de la communauté agricole. En effet, les produits biosolutions gagnent en popularité et sont de plus en plus adoptés lorsque les méthodes conventionnelles traditionnelles se révèlent insuffisantes pour résoudre efficacement les problèmes rencontrés sur le terrain.
La complémentarité des produits biosolutions : un bénéfice sous-estimé ?
La protection des cultures se doit d’être appréhendée comme une stratégie globale, utilisant une variété de ressources et d’outils à notre disposition. Dans ce contexte, les produits biosolutions se distinguent par leurs modes d’action spécifiques et novateurs (stimulation de la plante à des stades clés, augmentation de l’efficience d’absorption des engrais/irrigation…). En accordant la priorité aux produits biosolutions, nous pourrions réduire considérablement l’utilisation des pesticides conventionnels, les réservant uniquement aux situations où le risque de perte de rendement est élevé. Ainsi, émerge une boîte à outils diversifiée, où la sélection des produits repose sur les niveaux de risque et les modes d’action des molécules. Cette synergie entre produits biosolutions et molécules conventionnelles jouerait un rôle crucial en limitant et retardant l’apparition des phénomènes de résistance.
En effet, le concept d’augmentation de la longévité des molécules chimiques grâce aux produits biosolutions s’appuie sur leur complémentarité. En réduisant l’usage des pesticides conventionnels à fort impact, la pression exercée sur les bioagresseurs diminue également, réduisant ainsi leur tendance à développer des résistances. Les produits biosolutions, par leur approche novatrice, diversifient les méthodes de contrôle et de protection. Cette diversification des approches contribuerait à préserver l’efficacité des molécules chimiques sur le long terme, prévenant ainsi l’apparition prématurée de résistances. Une telle stratégie proactive permettrait de maintenir la durabilité des solutions phytosanitaires, assurant ainsi une protection efficace des cultures sur le long terme.
Déploiement des produits biosolutions : des freins déjà identifiés
L’application des produits biosolutions demande souvent un positionnement précis dans le cycle cultural et exige une rigueur accrue par rapport aux pesticides conventionnels. Ajouté aux contraintes et imprévus sur le terrain, un mauvais positionnement dans de mauvaises conditions entraînera une inefficacité certaine des produits et une déception quant aux résultats obtenus.
Lors de nos échanges avec les acteurs du monde agricole, un autre point a été soulevé : la nécessité de disposer de résultats d’essais solides pour gagner la confiance des agriculteurs. Certains d’entre eux expriment des réserves quant à l’efficacité des produits biosolutions en raison du manque de données probantes disponibles. Il est donc essentiel de mener des essais rigoureux et de fournir des preuves tangibles de l’efficacité de ces produits pour renforcer leur acceptation et leur adoption.
Réunissons les acteurs autour de la table !
Malgré ces défis, des leviers d’action et des stratégies peuvent être mis en place pour faciliter la transition vers l’utilisation des produits biosolutions. Tout d’abord, il est primordial de sensibiliser les agriculteurs aux avantages potentiels de ces produits et de les accompagner dans l’adoption des nouvelles technologies. Les techniciens agricoles jouent un rôle clé dans cette transition, en tant qu’interlocuteurs de confiance et conseillers des agriculteurs. Il est donc essentiel de former et de soutenir ces professionnels pour qu’ils puissent guider au mieux les agriculteurs dans leurs choix.
Par ailleurs, il est important d’intégrer la génétique et le choix variétal dans la stratégie de protection des cultures durables. En sélectionnant des variétés adaptées et résistantes aux bioagresseurs, les agriculteurs peuvent réduire leur dépendance aux produits chimiques.
Changer d’approche agronomique
L’adoption de ces produits de biosolutions nécessite une approche globale, en considérant à la fois les aspects socio-technico-économiques. Ensemble, agriculteurs, chercheurs, techniciens et porteurs de produits biosolutions peuvent travailler main dans la main pour construire un avenir agricole plus durable, où la rentabilité économique et la protection de l’environnement vont de pair. Grâce à cette approche novatrice, il est possible d’envisager une augmentation de la longévité des molécules chimiques utilisées en agriculture, contribuant ainsi à préserver nos ressources et à assurer la pérennité de nos systèmes agricoles pour les générations futures.
